Module d’enseignement en ligne

Chapitre 3 Grain 10
Une méthode pratique pour développer votre idée
60 minutes

L’objectif de la leçon est de comprendre les méthodes pour développer une idée afin de démarrer une histoire.

A la fin de cette leçon, les participants seront capables de réaliser des « embryons d’histoires ». Ils vont expérimenter différentes méthodes afin d’exercer leur imagination et leur créativité.

Table des matières

Méthode à choix multiples. Un exemple concret

En appliquant les concepts du « Grain 9 » à notre objectif principal, qui est de structurer un modèle pratique pour l’éducation STEAM grâce à une méthodologie de l’escape room, essayons de définir ce que pourrait être un exemple de concept de récit :

« Faire participer les élèves à une histoire dans laquelle une série de questions ouvertes concernant des notions mathématiques sont proposées ».

En définissant les caractéristiques que doit avoir notre « histoire » cet objectif pourrait donc emprunter plusieurs chemins. C’est comme si nous étions devant un panneau de départ, mais devant nous, il y a de multiples chemins.

Notre concept parle de façon générique d’une « histoire », il nous faut désormais comprendre quel type de récit il doit être.

Le genre du récit dépendra du choix du chemin et seul l’auteur, selon ses préférences, ses goûts et ses connaissances, pourra décider de la voie à suivre.

Le concept de base proposé peut être développé avec un certain niveau de détails :

 » Impliquer les élèves dans une histoire policière dans laquelle résoudre un mystère nécessite de recueillir des indices et de surmonter des problèmes mathématiques. »

L’objectif semble maintenant clair, mais il faut développer l’intrigue. Nous nous laissons inspirer par des éléments typiques et essentiels d’un roman policier, pour deux raisons principales:

  1. Il s’agit d’un des genres les plus structurés et permet de procéder par une méthode plus rationnelle et pragmatique.
  2. Comparé à l’objectif de notre projet (appliquer des modèles d’ER dans un but pédagogique spécifique), il est le plus adapté, représentant un défi intellectuel pour l’auteur et stimulant les capacités de résolution de problèmes du lecteur/destinataire.

Suite à ces éléments, il est possible d’identifier 5 éléments, qui peuvent également être considérés comme pertinents pour d’autres genres :

  1. Qui est le protagoniste et qui est son antagoniste ? Quels sont les autres personnages de l’histoire ?
  2. Dans quel contexte l’histoire se déroule-t-elle ?
  3. Quelle est la relation entre le protagoniste et l’antagoniste ? Quel événement les met en conflit ?
  4. Quelle est la cause de ce conflit ? Quelles sont les raisons de leur affrontement ?
  5. Comment le protagoniste gère-t-il l’histoire ?

La méthode que nous proposons s’appelle le « choix multiple » et a pour but de favoriser la créativité et l’imagination.

Imaginons non pas une, mais au moins trois réponses possibles (ou plus si nous le voulons). Après avoir rempli un tableau simple, nous réfléchissons à chaque possibilité et choisissons ensuite la réponse la plus convaincante.

L’objectif est de trouver des idées et d’évaluer les alternatives possibles. La réponse à ces questions doit s’inspirer de l’idée de départ : elle permettra d’ajouter des éléments au concept initial. Il s’agit d’un choix important et il n’est donc pas nécessaire de se précipiter pour trouver une réponse. La méthode du « choix multiple » vise précisément à mettre en mouvement la créativité et l’imagination, en vous demandant d’imaginer au moins 3 réactions plausibles aux différentes questions avant de choisir la plus convaincante ! En parallèle, il faut réfléchir aux avantages et aux inconvénients de chaque proposition, sans jamais oublier quelle est la cible finale. Imaginer des réponses nécessite d’imaginer un certain scénario, puisque le protagoniste, avec ses actions, ses choix et sa façon de voir les choses, va déterminer l’évolution de l’histoire, du début à la fin.

Essayons maintenant de donner un exemple concret, en rapport avec les sujets du projet STEAMER. Ces propositions ne sont que des hypothèses, qui ont pour but de proposer des exemples pour améliorer la compréhension et l’assimilation de la méthodologie.

1a) Qui est le personnage principal?
Essayons d’imaginer des personnages connectés en quelque sorte par le thème du concept et évaluons leurs forces / faiblesses
A B C
Un policier rusé et hargneux Une dame âgée passionnée par les puzzles et les jeux de logique Un groupe d’élèves ennuyés par les mathématiques
Forces / Opportunités
Possibilité de s’inspirer d’un stéréotype connu pour la fiction / série télévisée. Personnage qui en soi inspire crédibilité et respect. Personnage de bande dessinée, mettant l’accent sur l’exaspération de certains traits de caractère et la dichotomie «personnage drôle / fanatique avec énigmes». Facile à identifier avec les étudiants. En écriture, il est facile de recréer une situation / un personnage bien connu. Facilité de générer un appel à l’action efficace en suggérant des expériences et des situations susceptibles et bien connues de notre cible.

L’auteur devra « prendre cette responsabilité » et choisir, parmi les propositions, celle qui lui convient le mieux, étant donné que, grâce à cet exercice, il aura pu évaluer différents scénarios et possibilités dans son esprit. Imaginons que l’évaluation conduise à choisir la troisième idée. À ce stade, nous devons nous demander : contre qui notre protagoniste pourrait-il « se battre » ?

Cet élément est en contraste avec le but du protagoniste. Ce peut être une personne, une situation, une entité, telle qu’une force de la nature, une peur, ou une émotion du personnage.

1b) Qui est l’antagoniste?
Essayons d’imaginer quels ou quels personnages peuvent interférer avec le protagoniste et ses objectifs
A BC
Un groupe d’élèves plus âgés, des génies mathématiques socialement problématiques Un professeur de mathématiques bizarre td > Un gang de criminels
Forces / Opportunités
Possibilité de s’inspirer des actualités liées au problème de l’intimidation. Une sous-intrigue possible à développer. Personnage appartenant à un contexte familial et susceptible de générer curiosité et mystère. Rompre une attente, nouveauté. Facilité de trouver l’inspiration dans la littérature et les films. Identification dans la lutte contre le mal par excellence.

Supposons que l’on choisisse la deuxième option et que les personnages principaux soient clairs dans notre esprit. La décision d’inclure d’autres personnages dans l’histoire peut être laissée pour plus tard, lorsque l’intrigue sera mieux définie et que nous passerons à la deuxième étape. La procédure sera similaire.

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Où se déroule l’histoire?
Imaginons dans quel espace notre protagoniste peut se déplacer et quel espace pourrait nous permettre de créer un mystère
A B C td >
Une école de banlieue L’appartement d’un professeur de mathématiques Un pub, lieu de rencontre des jeunes
Facilité de transposition de la réalité dans l’histoire. Ambiance familiale. Connexions avec l’enseignement et les concepts à traiter. Possibilité de jouer sur la rupture des attentes, d’approfondir les détails sur la personnalité du protagoniste à travers ses objets, de créer une atmosphère de mystère. Le protagoniste se déplace sur son propre espace où il est le «maître» de faire ce qu’il veut. Éléments qui prédisposent à une attitude d’ouverture de la part de la cible, d’assimilation à un contexte jugé amusant .

De la même manière, après avoir évalué les développements possibles de chaque réponse et sans négliger l’objectif fixé, il faudra faire un choix. Imaginons qu’en écrivant les propositions, on ait déjà imaginé un certain appartement où l’on se rendait quand on était enfant, en accompagnant la grand-mère d’un cousin éloigné et que le souvenir de cette expérience, les sensations, les images et les odeurs soient encore vives et évocatrices, de sorte qu’on puisse les raconter avec précision. Mais, en particulier, nous ne pourrons jamais oublier la saveur de ce bonbon à l’amande que, par gêne, nous ne pouvions pas refuser… Une touche d’imagination suffira pour recréer autour de tout cela le cadre parfait de notre histoire : l’appartement du professeur De Vitti !

Quel est l’événement déclencheur qui place le protagoniste devant son antagoniste ? Qu’est-ce qui motive ce dernier ? Et comment le protagoniste parvient-il à résoudre le conflit ? Ces trois aspects sont évidemment étroitement liés entre eux.

Puisque notre but est de définir les bases d’une escape room, en cherchant des réponses possibles, essayons d’insérer le thème de l' »évasion ».

C
3, 4, 5) Relation / motif / résolution
Imaginons comment notre histoire peut se développer et quelle pourrait être la meilleure conclusion
A B
Relation Les garçons vont chez le professeur pour des répétitions régulières de maths. À un moment donné, le professeur disparaît et ils découvrent qu’ils ont été enfermés dans l’appartement, ce qui s’avère être une sorte de piège. Motif Le professeur a une haine envers les étudiants qui ont été victimes d’intimidation. Il a un profil psychologique erroné. Il veut montrer sa supériorité intellectuelle de manière folle Résolution Le professeur a conçu une série de tests à passer, basés sur les notions qui font l’objet des répétitions, pour pouvoir sortir de l’appartement. Afin de retrouver la liberté, les garçons doivent pouvoir trouver le code qui déverrouille la porte de sortie. Grâce au travail d’équipe, ils réussissent leur objectif.
Relation Le professeur est connu dans la ville pour être le propriétaire d’un brevet important dans le domaine technologique. En réalité, les enfants savent qu’il a repris les recherches de leur professeur d’informatique historique depuis ses études universitaires et ils veulent aider leur professeur à trouver les preuves pour le piéger. Motif Le professeur a trompé son ami d’université en lui volant une recherche importante qui lui a permis de réussir. Résolution Les garçons et leur professeur mènent une enquête qui leur permet de se rendre à l’appartement du professeur. Leur objectif est de trouver la clé de son coffre-fort. Relation Le professeur n’est pas un vrai professeur mais il utilise cette couverture pour masquer sa véritable identité de criminel. Les garçons vivent dans son propre immeuble et soupçonnent qu’il cache quelque chose. Ils décident de trouver un moyen d’entrer dans son appartement et de découvrir des indices liés à sa véritable identité. Motif L’homme que tout le monde croit être un professeur discret est en fait recherché par la police. Il utilise ses compétences logiques pour effectuer des vols de banque. Il utilise cet échange d’identité pour échapper à la police. Résolution Les garçons parviennent à entrer dans son appartement. Ils passent une série de tests mathématiques pour connaître le mot de passe de son ordinateur et obtenir la preuve qu’ils encadrent le criminel.

Grâce à la méthode du choix multiple, un mécanisme créatif est mis en place poussant à émettre des hypothèses sur différents scénarios, dont chacun peut avoir des implications différentes. Il est évident que le choix de la voie à suivre relève de l’instinct de l’auteur : laquelle des idées développées a le plus grand potentiel ? Laquelle est la plus originale ou fournit le plus d’idées pour développer un récit ?

Pour faire ce choix, il ne faut jamais perdre de vue l’objectif initial et envisager comment les différentes possibilités identifiées permettent de le poursuivre de la meilleure façon possible.

En conclusion, si nous clarifions les éléments et les moments essentiels de l’histoire, nous pourrons réussir à :

  1. créer plus facilement un scénario intéressant pour notre escape room ;
  2. identifier plus rapidement les accessoires, les indices et les énigmes les plus pertinents ;
  3. rendre l’expérience plus attrayante, interactive et adaptée à notre cible.

Il est donc très utile de commencer par définir l’histoire d’une escape room, en suivant cette méthode simple et pratique.

Matériels et ressources

Q1. Quelle est la fonction de la méthode à choix multiples?

a. Aider à choisir les relations entre les caractères
b. Stimuler la créativité et l’imagination de l’auteur
c. Décider de la meilleure fin de l’histoire

Q2. Pourquoi le schéma du roman policier peut-il servir de modèle pour développer l’intrigue?

a. C’est le plus populaire
b. Il permet de suivre une procédure plutôt rationnelle et systématique.
c. Il est le plus schématisable et permet de créer des scénarios réalistes

Q3. Pourquoi parle-t-on de « conflit » dans la structure narrative?

a. Parce qu’écrire à propos d’un conflit est le moyen le plus simple et le plus rapide de renforcer l’engagement des lecteurs.
b. Comme méthode pratique pour développer la parcelle
c. Parce qu’il est présent dans chaque histoire, représentant l’élément de « rupture » qui pousse le protagoniste à évoluer

Réponses

Q1: b
Q2: b
Q3: c